La formation syndicale, outil d’impulsion de notre activité revendicative, et de transmission de nos valeurs…

Le bilan et les perspectives en matière de formation syndicale ont été présentés à la Commission Exécutive Confédérale le 18 octobre 2016. La Direction confédérale a souligné les enjeux de poursuivre une dynamique  de développement de notre formation.

Extraits de cette présentation

Un bilan positif

En 2015 notre activité a été quelque peu influencée par deux évènements importants : la préparation de notre 51ème congrès confédéral, et la mise en œuvre de la loi du 5 mars 2014 sur le financement de la formation syndicale.

Notre environnement bouge sans cesse. Il nécessite d’anticiper et de mener en permanence la bataille revendicative pour le droit à la formation syndicale.

D’autant que malgré cela, nous avons réalisé plus de formations et nous avons formées plus de syndiqués.

Plusieurs éléments d’analyse doivent être soulignés :

-          Nous constatons une baisse de 2.5 % en nombre de stagiaires formés au Niveau 1 – Tronc commun.

-          La formation Animateurs Vie Syndicale pour les Unions Locales que nous avons mise à disposition des organisations en 2014, a été peu réalisée.

-          Les formations pour les Collectifs de direction se sont développées au même rythme en 2015 et 2016 : 18 UD et 4 FD.

Il s’agit là de tendances qui ne sont ni conformes aux besoins de nos organisations, ni à nos orientations ; et qui appellent donc à rechercher des solutions pour passer à un rythme supérieur.

De plus, nous réalisons seulement 32,6 % des formations que nous programmons (29,9 % en 2014). 

Le nombre trop limité de formateurs dans les organisations demeure notre problème essentiel…

Ces chiffres nous font mesurer l’enjeu de réellement passer un cap dans l’impulsion des priorités et des orientations que nous avons fixées.

Il faut ajouter à ce bilan, l’important travail qui est réalisé, en lien avec l’espace International, dans le cadre de coopérations avec des syndicats des DOM affiliés, mais aussi avec des organisations d’autres pays.

Nous sommes aussi investis de manière opérationnelle dans l’ETUI (Institut de formation de la CES).

1)      La feuille de route décidée en 2015

La Commission Exécutive Confédérale du 25 juin 2015 pointait des priorités de travail, avec l’ambition à plus long terme, de redessiner notre dispositif de formation syndicale. Notre objectif est de le rendre toujours mieux en capacité de faire face aux enjeux qui nous sont posés.

Pour y arriver, deux questions essentielles étaient posées : celle de l’évolution des moyens pour notre dispositif de formation, et la nécessité d’engager un débat plus large dans notre organisation sur la place et les enjeux de la formation syndicale.

Le bilan de mise en œuvre montre toute la pertinence d’apporter des réponses à ces questions.

La création d’un Collectif confédéral « formation syndicale », est effective depuis février 2016. Il est composé de 32 membres (6 UD, 6 FD, 3 CR, les 8 conseillers confédéraux du pôle formation (avec Prudis et le Centre Benoit Frachon, 7 conseillers confédéraux des espaces et activités confédérales, 2 membres de la direction confédérale).

La première réunion a eu lieu en février dernier afin d’installer le collectif et de définir ses méthodes de travail. Il a ainsi été décidé de fonctionner en trois groupes correspondant aux familles de formation de notre architecture.

Notre activité de construction de nouvelles formations et la réactualisation des formations existantes a été importante.

Nous avons travaillé avec les espaces, activités, ou commissions concernées sur de nombreux thèmes : formation CHSCT, une journée d’étude « lutte contre l’extrême droite », formation recherche sur Travail émancipation,

Des chantiers sont ouverts : formation Comité D’Entreprise,  défenseurs syndicaux. module « Qualité de Vie Syndicale » du Niveau 2, campagne RTT 32h, formation « Politique financière ».

La feuille de route de 2015 affirmait le besoin de construire une nouvelle offre de formation générale après le niveau 2. Un groupe de travail va être constitué lors de la prochaine réunion du collectif confédéral avec pour mission de réactualiser l’ensemble du parcours  « Acteur toute sa vie », de la FANS au Niveau 2. Puis il travaillera à compléter ce parcours par une nouvelle action de formation qui reste à définir dans sa forme ainsi que dans ses contenus.

Développer notre formation nous impose de faire évoluer nos pratiques, en relation avec nos organisations.

Nous avons réorganisé notre dispositif référent interne au pôle formation, avec l’objectif que les conseillers travaillent plus en lien avec les organisations.

Cela nous a permis d’impulser le débat concernant la place des Comités régionaux, comme outils de réflexion sur la complémentarité et les mutualisations, entre les territoires et avec les professions.

Aujourd’hui, ce travail commun est effectif dans quelques régions, mais pour l’essentiel il reste à mettre en place.

Il s’agit donc de pousser le débat sur l’exigence de maintenir des dispositifs de formation dans la proximité des militants, et donc de la pertinence que la région puisse aider et réaliser des formations, dans le cadre de projet d’objectifs visant à donner aux UL et aux UD les capacités de faire elles-mêmes.

Le Centre de formation Benoit Frachon est une vitrine de notre formation. Il est un lieu de ressources à disposition des organisations, des formateurs et des militants.

L’inauguration de la salle Marius Berthou en 2015, s’inscrit dans cette volonté d’en faire aussi un lieu d’accès à la culture, culture que nous abordons déjà au travers de diverses initiatives (café littéraire ou spectacle…)

Nous voulons aussi en faire un lieu de référence au niveau pédagogique. Dans ce sens, l’installation de tableaux interactifs dans toutes les salles s’accompagne de moments de formation courts pour les formateurs qui interviennent dans le centre.

Son développement doit être réfléchit plus particulièrement à partir des évolutions des outils et de la pédagogie en matière de formation, et notamment au travers de la formation à distance.

Nous proposons de marquer l’anniversaire des 70 ans du centre, en 2017/2018 en organisant une ou des initiatives visant à valoriser cet outil à partir de ces projets…

Cet outil est envié par de nombreuses organisations syndicales européennes…Ce qui nous a valu d’être sollicité par l’ETUI pour y organiser sa prochaine conférence annuelle du 4 au 6 octobre 2017.

Nous avons poursuivi la réflexion pour intégrer la Formation à distance dans nos modes de formation. Les journées d’étude que nous avons organisées en septembre 2015 sur ce thème nous ont permis de rédiger une charte qui fixe nos objectifs, l’éventail, les limites de l’utilisation et les modalités de la Formation à Distance dans la CGT.

La refonte de la formation deformateur a été réalisée à partir des évaluations que les organisations nous ont fait parvenir. La principale critique, pointait que cette formation, de très grande qualité en termes de contenu et de progression pédagogique, ne convainquait pas, dans de nombreux cas, les stagiaires de franchir le cap d’intervenir dans les formations.  Ce n’est pas la seule cause, mais nous constatons que parmi ceux qui participent à cette formation, un faible nombre s’implique réellement dans cette activité.

C’est pourquoi nous avons fait le choix de simplifier le contenu en élargissant le champ de savoirs et savoir-faire abordés, et de la remplacer par deux modules : le premier se concentre sur ce qui relève de l’intervention et l’animation, tandis que le second module en cours de construction, s’intéresse uniquement à la conception de formations.

 

Nous avons un réseau important de formateurs, pour autant, les difficultés sont réelles dans les organisations pour trouver les intervenants nécessaires pour assurer les stages. C’est particulièrement vrai pour certaines formations : 2ème semaine du niveau 2, formateurs…

Nous devons y réfléchir, pour préciser le rôle et la place des formateurs dans la CGT. Partir des besoins qu’ils expriment, est indispensable pour apporter des réponses et faire en sorte d’élargir le nombre de nos formateurs, et qu’ils s’impliquent dans l’activité de formation.

Nous pourrions lancer une campagne destinée à promouvoir cette activité dans la CGT.

« Militant CGT, je me forme, et je forme ! ». Les modalités de cette campagne sont à définir, pour valoriser la transmission de l’expérience militante.

Cette question du statut de nos formateurs dans la CGT sera le thème central de notre rencontre biannuelle des responsables formation syndicale qui aura lieu les 1er et 2 mars 2017.

Notre activité pour l’année qui vient va se concentrer sur deux axes : 

-          Poursuivre la mise en œuvre de ce qui a été engagé, en lien avec l’actualité,

-          Analyser les orientations votées au 51ème congrès et décider collectivement des actions à mettre en œuvre.

Bien entendu, les chantiers engagés dans le cadre de la feuille de route validée par la direction confédérale en 2015 se poursuivent.  Mais d’autres sujets importants vont nous occuper dans les mois qui viennent.

L’un des plus importants sera de définir collectivement les procédures les plus appropriées pour l’utilisation et la justification des subventionnements de la formation syndicale. Il s’agit essentiellement des subventionnements permettant de compenser les pertes de salaires pendant les formations, et pour lesquels nous avons décidé d’une procédure transitoire au moment de l’application de la loi au 1er janvier 2015. Un processus de discussion avec les organisations est en cours et devrait amener à un débat et des décisions.

Ce débat est indissociable de celui sur la conquête de droits nouveaux pour la formation syndicale, et notamment l’exigence d’une prise en charge totale des salaires par les employeurs.

Pour en venir sur les contenus de nos formations, évaluer ce que nous faisons est essentiel.

Nous voulons pousser cette démarche d’évaluation permanente pour être réactifs dans l’ajustement des formes et des contenus.

C’est par exemple le cas pour la démarche projet. L’utilisation de cette méthode de travail comme outil de mise en mouvement de nos collectifs de travail, est une décision de congrès que nous mettons en œuvre, notamment au travers d’un module spécifique, constitutif d’un cursus initié par l’ETUI. Ce cursus composé de deux formations permet d’obtenir une certification universitaire.

Cette méthode est abordée aussi dans la formation collectif de direction à destination des Commissions Exécutives des organisations.

Nous constatons que suite aux formations, peu de militants l’utilisent ce qui va nous amener à faire un bilan plus détaillé, pour redéfinir la manière dont nous pouvons l’aborder, afin qu’elle soit réellement utile aux responsables.

Des thèmes de travail nous seront imposés par l’actualité dans les mois qui viennent.

·         Les élections TPE de décembre, définiront pour partie la mesure de notre représentativité, ainsi que notre présence dans les CPRIA. Des camarades issus des TPE  siègeront dans ces commissions régionales, et pour la plupart n’auront pas l’expérience d’un syndicat d’entreprise. Il parait donc incontournable de leur proposer une formation avant la prise de mandat qui s’insère dans un parcours de formation permettant de les accompagner tout au long de leur mandat.

·         Des changements importants sont intervenus pour les mandatés dans les Conseils de Prud’hommes. Au-delà de la suppression des élections, la formation obligatoire avant la prise de mandat et dispensée, avec les employeurs, par l’école de la magistrature vise à détricoter le lien avec l’organisation syndicale, pour vider de sens le mandat syndical des Conseillers prud’hommes.              

Nous devons assurer aux futurs désignés la connaissance de ce mandat syndical par une formation avant la prise de mandat. Ce débat est en cours dans le CA de PRUDIS en lien avec les pôles DLAJ et formation syndicale.

Nous devons faire évoluer les thèmes et les contenus de nos formations au regard des orientations votées au 51ème congrès.

Ces décisions confirment pour l’essentiel notre priorité de développer la formation pour tous les syndiqués et notamment ceux qui assurent des mandats et des responsabilités. Elles pointent tout particulièrement l’organisation des formations dites « générales »,  les formations pour les dirigeants et pour les collectifs de direction.

Notre dispositif de Formation des 1ers dirigeants. Un groupe de travail va être constitué afin  d’assurer l’ensemble de cette activité (stage de trois jours, débats à thèmes…). Le prochain stage aura lieu du 5 au 7 décembre prochain.

Les formations collectif de direction s’adressent actuellement aux Unions Départementales et aux Fédérations. Le besoin s’est exprimé fortement de construire le même type de formation pour les Unions locales et les syndicats. Aussi, nous avons engagé un travail d’adaptation de la formation existante sous forme de modules spécifiques, qui seront utilisables par toutes les structures.

Certains points devront être précisés pour être mis en œuvre. C’est notamment le cas de l’objectif de  « faire de la formation un outil et un vecteur de la syndicalisation en permettant aux salariés de découvrir la CGT ».

Un premier échange a déjà eu lieu avec  la NVO afin de définir des actions possibles pour « qu’elle soit présentée et lue lors de toutes les formations de la CGT » 

L’ensemble des résolutions du  51ème congrès  nous conduirons à réactualiser nos contenus. Deux thèmes me paraissent urgents à intégrer car ils sont transversaux sur nos priorités revendicatives et en termes de Qualité de Vie Syndicale :

-          L’avenir du travail : les évolutions des formes du travail, les nouveaux statuts et contrats de travail, les nouvelles formes d’organisation et les conséquences sur les protections des travailleurs…

-          Les relations dans le travail évoluent, et la loi Travail modifie en profondeur les conditions de la négociation collective. Au travers de cela le gouvernement et le patronat instaurent une toute autre conception du dialogue social. Sommes-nous bien préparés pour anticiper les conséquences à tous les niveaux et les aborder de manière offensive afin d’éviter d’’être systématiquement dans la réaction aux projets du patronat et du gouvernement ?

Nous devons adopter une position offensive, et la formation syndicale peut y contribuer car ces changements importants nous imposent toujours plus de promouvoir notre démarche collective qui permet aussi de réaffirmer notre identité CGT.

Nous évoquons souvent la formation syndicale comme une priorité de l’organisation. Cet exposé montre l’écart important entre nos ambitions et ce que nous réalisons effectivement. Notre investissement dans la formation syndicale est essentiel, car elle contribue de manière fondamentale à la mise en œuvre de notre démarche. En effet, elle donne à nos syndiqués les armes pour mener les combats et relever les enjeux qui se posent à notre syndicalisme. La formation syndicale est le ciment qui nous uni.

Nous voulons des syndiqués acteurs, des mandatés,  des responsables et des dirigeants syndicaux à la fois compétents dans leurs domaines d’intervention et en capacité de mettre en œuvre les orientations et la démarche CGT.

La formation syndicale n’existe pas pour elle-même. Nous voulons la faire évoluer pour qu’elle soit toujours plus au service de l’efficacité de notre syndicalisme, au service de la construction du rapport de force.